Surtout ! – poème

Publié le Catégorisé comme Poésie, rue des pommiers
dans les Hautes Alpes

 

Incendie de joie lavant l’hiver
Soleil dresse son étendard par-dessus la vallée
Claque sur l’herbe verte sa rieuse fierté
Et dit : je suis printemps, je suis l’été !
 
Aux hanches de la colline une vapeur frissonne
De la maison docile lève la brume passagère
Tout s’assèche en sillons dans le chemin boueux,
S’apprête le bourdon, grésille sa chanson, 
Sous la pierre endormie la vipère reste un peu
Silencieuse la tarentule monte ses œufs
Un enfant rit debout dans les jacinthes,
La violette déploie ses ailes
Le chien jappe sur le chemin
 
Après la pie, après l’abeille
La rhubarbe élargit ses feuilles,
L’absinthe jaillit de son rhizome
Partout en couleurs ça bourgeonne
La femme parle à l’homme
Debout, elle est si grande
L’homme a les yeux lavande
Pour la première fois, inventaire, il faudra
Descendre les volets, garder l’eau fraiche surtout !
Mettre à sécher sur l’herbe le drap immaculé
Et retourner la terre, tu casseras les mottes
Partout !
Droit, l’homme la regarde, il sourit dans ses ordres
Tout cela au matin, lorsque les enfants dorment
Et serrer les boulons et repeindre la porte
Vérifier la gouttière, relever la lumière
Assurer la clôture, sceller la pierre au mur
J’irai chercher les œufs je ferai un gâteau
Donne-moi un baiser, où donc est le râteau ?
Ta sœur a des chatons, il m’en faut un très doux
Et nous le dresserons, à jouer au chien surtout !
L’homme ne demande pas à sa belle si elle l’aime,
Il pense à ses mains douces qui volent dans le ciel
Elle est un peu moins jeune mais de plus en plus belle
Ça chante dans son cœur, un dimanche en semaine
 
C’est l’année neuve, lumière dans la nouvelle année !
Tout se décide ici juste entre avril et mai
Ce qui reste de neige va descendre au torrent
La truite frétille au Buëch, le pécheur va la prendre
 
Puis la rendre peut être dans un geste d’amour
Soleil fait une fenêtre à l’espoir au retour,
Énergie droite et douce, promesse d’une joie
Avril en moi fait ses labours
Et rit ! et chante, et rit !
Pourquoi serais-je triste ?

Rue des Pommiers

Ce poème a été publié dans la série « Rue des pommiers ». Cette série de textes a été elle même écrite de 2011 à 2015 alors que je séjournais dans les Hautes-Alpes. On trouvera quelques allusions aux grands espaces, à la vie animale, à la montagne ou au climat de la région et notamment de la vallée du Buëch ou du Dévoluy. Mais en réalité, il n’y a pas de lien direct entre le lieu de vie et l’écriture. Il s’agit plutôt d’échos à la vie, son quotidien. Si certains reconnaîtront des clés ou des allusions, il serait vain de vouloir tenter une quelconque biographie à l’aide de ces fragments… Ce qui compte c’est l’image, la métaphore… Certains de ces textes ont pu donner lieu à une mise en musique et ont ensuite été donnés comme « chansons ».

Dans les hautes alpes

Par Vincent Breton

Vincent Breton est auteur de blogs, de fiction, de poésie et de chansons

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