exercice d’élocution à lire en accélération C’était un truc étrusque qu’un Turc Avait rapporté de voyage À son rude et rustre ami russe Lequel l’avait brisé sans ambages À peine sorti du bagage, Chiné en Cochinchine Tinté à la cochenille L’objet obsolète brisé Reposait en miettes sur la sellette À moitié mité — Qu’as-tu fait de…
Poésie
des poèmes de Vincent Breton
libre – poème
Attiré par les poires A largué les amarres Et franchi la barrière Cheval, gourmand De fière allure La belle allure fière ! L’effronté tout riant Riant dans l’herbe folle Agite sa crinière Ainsi la liberté Est une gourmandise Les autres sont restés Crainte ou timidité Et la poire promise A fondu dans la bouche De l’évadé…
vingt et deux chevaux
Vingt et deux chevaux dans le champ d’en face broutent l’herbe mouilléeIl passe dans l’air une douceur et une sagesseDans le champ, ils se posent et se dispersentComme pour un peintre ou un photographe, tranquille Qui prendrait le temps de regarder le peuple chevalQui broute silencieusement, nous écoute, et sait tout de nous. Ce poème…
chanson – les cigales
J’ai des cigales sous la neige la vallée s’ouvre vers l’hiver si quelque chose se désagrège mon pas crisse et gèle la terre ici le chien rôde et il flaire quelque sortilège lunaire à l’aube rose mouillée d’air je vais sous la faible lumière délicieusement solitaire Février, faussement calme allume sourdement ses alarmes l’acide couteau…
il faut vous dire
Les enfants joyeux,les bavardages autour du feuOu bien,Les chiens remontant à la queue leu leu le canal pour se rafraichir les pattesLes insectes grésillant sous la terrasseOu bien,Les menuisiers sifflant et tapant, assemblant les planches sur les façades de la maison d’en face.Le soleil a tapé très tôt sur les volets, la fraicheur est fugaceJe…
Vendredi ! -poème
Vent devant ! C’est Vent dredi j’te dis ! #Vendredi Vendre qui ? Ventre, dis Qu’Isis la chatte pétrit Sans pitié, Quelle amitié ! Vendrediiiiiiiiiii ! Jour du poisson Et de la poubelle bio Le Pape est dans les hôpitaux Le Pape expert en pêchers Le mien a fleuri Le pêcher Pas le Pape Et…
Arrivée -poème
Nous voici, valises déposées, livres déjà rangésRue des Pommiers, je n’ai pas vu de pommiersMais des groseilles et du cassis, des rires d’enfantsEt la joie de Gontran, gazelle dans l’herbe, chasseur de sauterelles…Et l’Oule, jolie montagne marmite qui veille sur nous,Car ici les montagnes veillent sur les gens,Même si parfois, elles punissent l’imprudent,Nous savons cela,Et…
L’écharpe -poème
L’écharpe autour du cou, j’ai froid partout, je ne devrais pas, il fait soleil et les enfants rient Le printemps perce sous la terre en germes, en pointes vertes, en bouts de feuilles craquantes Le crocus s’est posé entre les cailloux Le ruisseau est encore gelé çà et là Le chien grignote de la glace…
Il suffit -poème
Il suffit d’un bouton d’or au pré pour que revienne mon enfance au goût de beurre Soleil sur l’herbe verte Tu m’éblouis ! Plus j’avance en âge Plus je m’enrichis de ne rien posséder Je n’ose pas encore, par manque de courage Jeter mes livres les plus précieux à la vaste mer Je les…
L’heure des T !
Youpi ! C’est l’heure des thés Le T de Liberté Le T d’égalité Le T de fraternité Le T de fierté Le T de : on va pas se laisser mépriser Ni Taper dessus Leurre ? Lueur ! Il faudra dépasser la peur Et cultiver la Paix Éthique de la sobriété Boire le T de…
le chat en colère
Le chat était en colère Et nul ne savait pourquoi Il y eut ceux qui en doutèrent Et que soudain le chat griffaIl y eut ceux qui en rirentEt que le chat soufflaCeux qui s’en inquiétèrent Que le chat ignora Maître de sa noire colère Libre jusque dans son mystère Noble et toujours solitaire Honteux…
Orage -poème
Ô joie de la pluie salvatrice qui encercle la nuit ! Voici l’orage, tout tremble ici ! Roulent les tambours dans la vallée Le grand orchestre descend ses trombes de cordes drues Les chênes ploient, oiseaux disparus, fourrures au terrier Les chats et les chiens se collent avec prudence dans la chambre sombre Ils prient en silence…
Surtout ! – poème
Incendie de joie lavant l’hiver Soleil dresse son étendard par-dessus la vallée Claque sur l’herbe verte sa rieuse fierté Et dit : je suis printemps, je suis l’été ! Aux hanches de la colline une vapeur frissonne De la maison docile lève la brume passagère Tout s’assèche en sillons dans le chemin boueux, S’apprête le…
les serrures mortes
Les poules philosophent sous l’auvent, le renard fuit vers son gîte, l’eau clapote au bassin et nous accostons aux rives matinales, bonjour! Une chapelle dans la plaine lance son appel, un train couvert d’écume traverse la mer et s’approche, les oiseaux dansent dans le soleil salé Tintinnabule ma cuillère dans la…
Mes frères -poème
Ne me parlez pas d’Abel et de Caïn,De vengeance, de talion, de fer, de trahisonDe missiles lancés sur des enfants sans nomDe bouches buvant le sang du sable, Ô destins !L’orgueil du général, la colère du prêtreLes politiques sages remettant à demainTous ces mensonges jetés au travers de la trêve, Ne me parlez pas d’eux ! Ne…
Elle – poème
Six heures à peine Ce silence de cotonCette lumière qui passe sous le voletQui danse son arpège au jardin ? C’est une amie si longtemps attendueQui partout a mis son linge immaculéElle a le cœur peuplé de contesElle va vierge et nue Ses fleurs sont en cristauxPure, elle unifie le MondeDe sa blanche véritéLà, glissent des…
Contempler -poème
De vaines anicroches, palinodies de nos vies pâlesL’incertain fuit, mais je contemple cette étoile La fleur de mon courage Est peur en métamorphose Plus je vieillis, plus je m’allège du poids des roses Ce ne sont que des enfantillages Je laisse ici mon bagage Je pars à pied, sandales ouvertes au pré mouillé Le…
la fonte des neiges
L’aube accrochait sa brume au couteau du rocher Les oiseaux sans rancune ouvraient le grand orchestre Les hommes solitaires, la besace à leur veste Buvaient le café tiède avant la rude journée Alors dans la vallée, le torrent dévalait Prémices d’une revanche d’eau et de cailloux Tous les cœurs s’ouvrent à la fonte des neiges…
Placenta – poème
un poème de la rue des pommiers tu improvises au ventre mol de l’été versatile un vêtement électrique colle à ta peau nonobstant tu dirais snob ostentatoire la vie te flagelle bien les bas flancs histoire de donner à ton visage ce creux délicieux histoire de mouiller tes yeux de chien avant l’excuse finale rien…
atrabilaire
Je n’entends plus rien, je ne vous lis plus, j’ai froid, La neige me cible jusqu’au vertige L’insomnie me découpe pas à pas Le chien me conduit, sa gueule guide ma main Vers des chemins herbeux, boueux et glacés Il se peut que plus rien ne parvienne à me reposer Il se peut que depuis…