Par où ça commence ?

Catégorisé comme Chansons
un parterre de fleurs sauvages au jardin

C’est en famille, c’est entre amis. On se retrouve souvent le soir après le repas pour chanter… Chanter tour à tour, chanter pour les autres, chanter tous ensemble… Mais surtout quand on n’a pas de partition sous le nez, vient le moment où l’on cherche…

On cherche par où ça commence, quel est le début de la chanson ?

Et si les paroles reviennent, il faut retrouver la mélodie et si quelqu’un a sorti une guitare ou un piano, il y a ce moment où l’on cherche le bon accord, la bonne tonalité… s’adapter aux voix qui peut-être bien auront bougé avec le temps, retrouver la chanson et puis se lancer….

Chanter en famille quel bonheur !

Ne privez pas les enfants de cette joie d’entendre chanter dans la maison. À l’improviste, à la fin du repas, lors d’une fête…

Pour sûr si l’on se réfère juste au répertoire commercial en angliche, on n’ira pas bien loin. J’eus cette chance petit d’avoir une mère qui connaissait de vieilles chansons françaises parfois venues du fin fond du Moyen Âge…

Vous rendezvous compte qu’un riche patrimoine a su venir jusqu’à nous de bouche à oreille, parfois remanié, transformé… mais pas besoin d’autre chose que la mémoire ! La belle mémoire populaire…

Donc on chantait « Aux marches du Palais » ou « Le Roi a fait battre tambour ». Et ce qui était merveille, c’est lorsque les voix s’unissaient… Chœurs, canons, harmonies plus ou moins heureuses, mais quel bonheur !

Une pensée pour Graeme Allwright

Disparu en février 2020, cet humaniste incroyable a su réunir des générations autour de chansons venues aussi bien du folklore américain que du blues ou de la poésie… Si je le cite, c’est pour saluer sa mémoire et nous souvenir de ces moments où jeunes, ados, étudiants et moins jeunes, nous nous retrouvions autour d’une guitare et d’un feu de bois l’été ….

Image idiote et naïve ? Parfois j’ai la chance de voir que la tradition est reprise avec des chansons portées par Greame ou d’autres. Ce sont des fêtes pleines de bonheur et parfois on y découvre de jolis brins de voix, une fraternité d’émotion se dessine autour d’émotions et d’évocations partagées. Ça ne coûte pas cher et tant pis si parfois on cherche un peu les paroles…

Les réseaux sociaux donnent parfois des bribes de ce type d’expérience… mais rien ne vaut le contact « vivant » en situation…

Je suis un chanteur de tradition orale

Je n’écris pas la musique, le solfège m’est quasiment une langue étrangère. Ce sont les hasards de la vie… Il faudrait que je trouve un professeur patient…

Depuis petit j’invente des chansons que j’écris. Je suis loin de les connaître toutes par cœur mais ce qui est amusant, c’est que souvent pour retrouver la mélodie, j’ai besoin de voir le texte écrit, c’est à dire que j’associe mentalement le vers à un phrasé et une mélodie…

Il n’en reste pas moins que parfois je retrouve un vieux texte dont la mélodie ne revient pas d’emblée, ou si j’ai la mélodie, il faut retrouver les bribes d’accompagnement qui vont guider la voix…

C’est ce que cette chanson raconte

Cette chanson raconte le moment où tentant de me lancer je cherche le début de la chanson. On y trouve aussi l’évocation du douce du moment où mon grand-père venait discrètement m’écouter dans le salon. À chaque fois, immanquablement, il me demandait si j’étais l’auteur des chansons…

Ou chez ma tante, lorsqu’après le repas les cousines demandaient une chanson drôle que j’avais pu écrire, dont je ne me souvenais pas toujours ou que je n’aimais pas plus que ça !

J’y évoque aussi en incise une personne qui m’aimait et qui un jour sut recoller ou recopier même, nombre de chansons déchirées un soir lointain de rejet de cette oeuvre un rien brouillonne…

C’est dire tout ce qu’une simple évocation peut suggérer…

en studio

Par où çà commence ?

©Vincent Breton
Prenez une chaise et près du piano, venez vous asseoir
Oui je vais chanter pour vous ce couplet, si j’en ai la mémoire
Je n’avais pas vingt ans quand j' l’ai inventé, il y en a quarante
Je crois qu' ça commençait ainsi, pardon pour l’attente
C’était quel accord, faudrait retrouver, par où ça commence ?
C’était bien rythmé, un deux trois je crois, une sorte de danse
Je n’étais pas doué je m’emmêle les doigts faut que je r'commence !

Quand j’avais quinze ans mon grand-père André dans le grand fauteuil
Venait écouter mes airs surannés et du coin de l’œil
Moi je le guettais, il piquait du nez et je le berçais
Avec un air doux, venu d’on ne sait où, sa tête penchait
Je chantais encore, mais surtout pas trop fort
Pour pas le réveiller, sa sieste finie il demandait toujours
Si c’était de moi ce couplet d’amour ?

Quand j’avais vingt ans, ou peut-être trente j’allais chez ma tante
On avait bien dîné et son piano sentait la cire odorante
J’avais mes chansons toujours dans le cartable sur du papier froissé
Les cousines demandaient une chanson marrante que j’avais inventée
Ce n’était jamais de tous les couplets, ma chanson préférée
Mais je m’exécutais, puis la nuit avançait il fallait se quitter
Je partais dans la nuit, qui donc m’attendait ?

Tiens-toi près de moi, si ça ne revient pas, j’en prendrai une autre
Cette mélodie était assez jolie, je la savais sans faute
J’en ai inventées des plus drôles je sais, faut que je retrouve
Où je les ai fourrées, j’ai dû les jeter, un soir de lune rouge
J’en ai tant perdues, même déchirées qu’il dût les recoller
Une à une ému, il a recopié, si bien calligraphié
C’est à ces gestes-là que je peux le dire, oui il sut m’aimer

Oh mon bel amour, viens à mon secours, et guide mes doigts !
Sur le piano blanc qui a fait son temps, lui tout comme moi,
L’un désaccordé, et l’autre arthritique, on forme une clique
On est pas très doués, il faut bien avouer pour faire de la musique
Mais ça va revenir, j’suis juste rouillé, ça fait bien longtemps
Que j’avais pas chanté, merde alors ça, commence comment ? 

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Par Vincent Breton

Vincent Breton est auteur de blogs, de fiction, de poésie et de chansons

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