Est-ce que vous chantez en famille ?

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amitié

Je ne veux pas être indiscret. Chacune et chacun s’adressera la question à elle ou lui même. Je sais des familles qui chantent et je sais des familles qui ne chantent pas. Es-ce que vous chantez en famille ?

Celles où c’est non se privent d’un bonheur formidable, notamment pour leurs enfants. C’est pourtant facile et gratuit que de chanter en famille !

Branche chantante, branche muette

Dans ma famille, je suis vieux, je cause souvent de mes souvenirs, il y avait deux branches assez contraires.

D’un côté, ça ne chantait guère et surtout pas en groupe. Parfois le dimanche en arrière plan, sur le tourne disques du dimanche passait de la musique classique un peu académique. C’était mieux que rien. Ce n’était pas grand chose. C’était la branche triste, la branche sèche. On y mourrait d’ennui. Il n’y avait là ni surprises, ni marques d’affection.

De l’autre côté, ça chantait : ça chantait autour de la grand-mère et du piano, ça chantait avec ma mère… Les tantes retrouvaient leur enfance et les voix s’élançaient. Harmonies, canons, voix-hautes ou basses, ce n’était pas forcément dans la nuance et le tempo était un peu cadencé, mais ça vous soudait le groupe et vous mettait de la joie pour la soirée. Les enfants qui baignaient là-dedans rejoignaient librement le chœur. Le bonheur de chanter, de se relier, de se faire des souvenirs qui tiennent encore la route quarante ou cinquante ans après. Bon sang, que c’était chouette ! C’est vraiment le genre de moments dont on peut se souvenir de façon positive, sans nostalgie triste, en se sentant riche d’avoir pu les vivre…

Ma mère chantait aussi et je chantais avec elle. Petit, ma voix était haute et montait bien plus que la sienne. J’ai appris à chanter très tôt et je suis convaincu que cela m’a aidé tôt à apprendre à lire (c’est bon pour apprendre les sons), à développer mon goût pour la chanson, la poésie et d’une certaine façon l’Histoire car nous touchions un patrimoine qui était comme un document vivant porteur de mémoires populaires… « Brave marin » ou « Pauvre Sylvestre » en disaient long sur les rudesses de la vie militaire quand un conscrit (tiré au sort ou qui n’avait pu payer) se trouvait soldat pour 7 ans…

Chanter ensemble dans une famille c’est aussi se faire confiance, se retrouver et s’accepter sans jugement, apprendre à se compléter et coopérer par le chant pour faire du beau…

Une famille qui chante !

Au bord de l’eau, ils se ressemblaient assez pour qu’on puisse imaginer qu’ils étaient tous de la même tribu. Un étudiant dégingandé tenait une sorte de bandonéon et du père au benjamin, ils devaient être une huitaine de tous âges et sexes à nous entonner dans la joie une chanson que je ne connaissais pas mais qui sentait bon le feu de bois.

Il y avait une telle joie entre eux que ça passait dans l’air. Je suis pas très famille, mais ils étaient beaux, beaux parce qu’ils se retrouvaient et mettaient de la poésie et du bonheur jusqu’au chien qui aurait bien participé.

Oui, c’est vraiment beau une famille qui chante et forcément tu te dis que les parents y sont pour quelque chose.

le vélo du vieux port de St Goustan

Quand il fait beau on chante dehors, quand il fait froid, on chante dedans. Il n’y a pas besoin d’instruments ou de grands moyens… surtout pas besoin de sono ou de ces karaoké qui ne sont que singeries figées…

Chanter oui, mais chanter quoi ?

Pas facile de s’en sortir avec la variétoche commerciale et son artillerie lourde. Outre l’insipidité des textes, les mélodies restent en général à pleurer et surtout ne vont pas libérer la créativité, celle quand les voix se complètent, se marient, se doublent, jouent dans la polyphonie…

Quand j’étais petiot, il y avait deux répertoires dans lesquels nous puisions.

Les chansons traditionnelles

Merveille que ces chansons transportées de bouche à oreille, qui ont traversé les siècles, dont plusieurs versions courent le pays variant tant les paroles que les mélodies… Riches de poésie, aux mélodies souvent incroyables, toujours savoureuses, touchantes ou drôles, ce patrimoine mériterait d’être vivifié pas seulement au sein des groupes qui continuent de le défendre. Pour ça la Bretagne n’est pas mauvaise.

Nous chantions aussi bien « Aux marches du Palais », « Nous étions trois camarades », « Le Roi Renaud » (terrible celle-là…) ou « La marquise empoisonnée »…

Il y en avait de polissonnes que même les enfants étaient autorisés à chanter comme le « Petit moine blanc » ou « Colin et Colinette ». Dans les années 70, Lionel Rocheman qui nous a quitté en juillet 2020 avait remis au goût du jour ces chansons d’autrefois dans deux trente-trois tours qui mériteraient d’être réédités…

Ce répertoire est riche et multiple. L’école ferait bien de le reprendre et le diffuser amplement au lieu trop souvent de tenter de suivre la mode.

Pas bien loin dans la foulée, on trouvera des chansons comme « Le temps des cerises » ou d’autres qui ont rejoint le patrimoine en se situant du côté des luttes sociales…

Les scouts, le feu de bois et Graeme Allwright

Les scouts savaient – savent ? – reprendre un riche répertoire avec un lien parfois aux chants religieux, mais j’ai connu une époque aussi, où fréquemment les retrouvailles d’ados ou de jeunes pouvaient se faire autour d’un feu avec des chansons qu’elles soient dans la veine de Brassens, de Guy Béart ou de Greame Allwtright… ou de Maxime Le Forestier.

C’étaient des chansons qui étaient faites pour être partagées, par pour mettre en vedette une personne… La télévision elle-même osait les proposer pour de belles soirées sans attendre forcément minuit…

Je ne veux pas faire les regretteux, mais ça manque… Ce répertoire quand on l’écoute garde sa force.

Il ne s’agissait pas juste de faire la fête, mais de se relier, de s’enrichir mutuellement… Les chansons courraient sur des copies parfois faites à la main, certains avaient des cahiers de chanson…

« Sacré bouteille » ou « Il faut que je m’en aille » sont entrées dans le patrimoine…

Chanter comme on veut

Chanter comme ça vient : en passant le balai, dans la voiture, le soir quand on se retrouve sur la terrasse…

Chanter pour les petits : les délicieuses berceuses ! Une confidence ? Il ne faudra jamais beaucoup me pousser pour que je verse une larme -depuis petit – en chantant « La petite poule rousse ». Je ne sais pas pourquoi cette chanson simple me touchait par son évocation poétique quand j’étais petit…

« L’était une p’tite poule noire
Qu’allait pondre dans l’armoire
Allait pondre un p’tit coco
Pour l’enfant qui fait dodo… »

Avec Colette Magny, j’appris que la poule rouge pondait dans un bouge… Mais je crois que la force de cette poule maternelle qui se cache pour couver patiemment son œuf « pour l’enfant qui fait dodo »… oui, ce moment incroyable de l’inquiétude enfantine quand il faut se séparer et aller se coucher… On peut aussi la chanter à plusieurs voix.

Chantez bien !

Je serais outrageusement comblé de bonheur si j’apprenais qu’ici ou ailleurs, on s’est dit qu’on pouvait chanter, en petite ou grande famille, en couple ou même tout seul !

Je ne sais pas quel est le premier type qui a eu cette idée. Mais on lui doit une fière chandelle!

Par où ça commence ? à bientôt!

Vincent Breton

Par Vincent Breton

Vincent Breton auteur ou écriveur de ce blogue, a exercé différentes fonctions au sein de l'école publique française. Il publie également de la fiction, de la poésie ou partage même des chansons !

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